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Channel: Saint-Nazaire – Laurianne Deniaud
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Prendre le temps de vous répondre.

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Chers amis, chers camarades.

Ces dernières semaines ont été particulièrement éprouvantes. Elles interviennent après une année et demie difficile au sein de l’exécutif municipal de Saint-Nazaire. 

Comme vous le savez probablement, j’ai choisi de démissionner (consultez ici ma lettre), avec deux autres adjointes socialistes, Gaëlle Bénizé Thual et Régine le bail.  Ce choix politique a été un déchirement tant nous étions fières d’être au service des Nazairiens et des projets menés pour notre ville.

Je sais que vous êtes nombreux à vous interroger sur ce qui s’est passé ces derniers mois au sein de l’équipe municipale. J’ai choisi de prendre le temps de vous répondre, en toute transparence.  

Ayant été sous le coup d’une procédure liée à une plainte en diffamation, parce qu’avec d’autres, j’avais alerté le maire sur des situations de violences sexuelles et sexistes à Saint-Nazaire, je n’étais pas en situation de pouvoir pleinement m’exprimer plus tôt.

La campagne de dénigrement et de mensonges à mon égard comme à celle de mes collègues a été d’une violence inouïe. C’est  tristement classique dans ce genre d’affaire : comme à Villeneuve d’Ascq, où le maire, accusé de viol par une employée communal dénonce un “complot politique”.  

Comme dans toutes les affaires où la libération de la parole des femmes met en jeu des intérêts, on cherche à faire naître des doutes sur des points de détails ou par des formulations habiles pour discréditer l’ensemble de leurs propos tout en se drapant dans de grands principes, qu’on se garde bien d’appliquer à soi-même. 

Vous pardonnerez par avance la longueur et la précision parfois un peu fastidieuse de cette réponse, mais, ma sincérité ayant été mise en cause, je me dois de vous donner les éléments vous permettant d’apprécier les faits et répondre à certaines questions que j’ai entendues.

De quoi parle-t-on ?

Le 27 avril 2018, avec trois autres adjointes, nous avons parlé au maire : “Tu imagines la difficulté qui est la nôtre de travailler au quotidien dans ces conditions. C’est parce que nous te faisons confiance dans les responsabilités qui sont les tiennes que nous avons souhaité t’en parler. Nous souhaitions vivement t’informer de ce que nous savons et nous serons très attentives à ce que ce type de comportement inacceptable ne se renouvelle pas. L’ensemble des comportements sexistes ordinaires de la Ville pose question et nous devons travailler pour y remédier”.

Nous l’avons alerté sur trois sujets

  • Les faits évoqués par une de nos collègues et impliquant un adjoint de l’équipe.
  • D’autres inquiétudes, sur la situation d’employées municipales notamment.
  • Un climat général sexiste au sein de l’équipe municipale

Oui, nous avons subi le sexisme et un environnement sexualisant. Nous avons été plusieurs à l’évoquer dans différents cadres à diverses reprises :

  • Rencontre avec le maire du 27 avril 2018
  • Déjeuner du 4 juillet 2018,
  • Réunions des femmes du groupe majoritaire, 
  • Groupe majoritaire de décembre 2018 consacré à l’égalité femmes-hommes en présence de Réjane Sénac et de la directrice du CIDFF (centre d’information sur les droits des femmes), où plusieurs adjointes prennent la parole à cet effet.

Oui, nous avons entendu de façon répétée, de la bouche de membres de l’exécutif municipal, des anecdotes et des propos sexualisant les femmes, qui les feraient rougir de honte s’ils étaient répétés publiquement.  Nous avons vu des regards et entendu des commentaires déplacés sur des collaboratrices. J’ai dit à plusieurs reprises que ces propos n’étaient pas acceptables, sans qu’ils ne cessent pour autant.

Oui le CIDFF est venu me rencontrer dès juillet 2018 et m’a alerté sur des comportements inadaptés. J’ai relayé ces alertes au maire et à son cabinet. Le CIDFF, convoqué dans les premiers arguments de défense du maire pour dire qu’il n’y avait pas de cas à la Mairie de Saint-Nazaire, a d’ailleurs publiquement réfuté ces allégations. 

Oui, nous avons d’autres inquiétudes sur ces sujets. Parce que nous avons entendu plusieurs paroles de femmes sur des cas et des circonstances variées. Parce que nous savons que d’autres cas de violence sexistes ou de comportement inacceptables vis à vis des femmes pourraient exister. 

Depuis quelques semaines, plusieurs femmes nous ont contactées et nous ont transmis des éléments ou des témoignages qui renforcent totalement nos convictions sur les trois points soulevés dès le 27 avril 2018 lors de notre rencontre avec le maire. 

Concernant plus précisément la situation de Martin Arnout je veux rappeler ici deux éléments : 

Est-ce que tout ce qui devait être fait à la mairie de Saint-Nazaire l’a été ?

Lors de la rencontre du 27 avril 2018 nous disions au maire : “ Nous considérons que ce n’est pas parce que, en l’état du droit, des pratiques de la justice et de la police, ces faits ne feront pas nécessairement l’objet d’une sanction pénale qu’ils sont pour autant acceptables dans une collectivité quelle qu’elle soit, et plus encore au sein d’une majorité progressiste engagée pour les droits des femmes (…) Nous souhaitons que tu prennes cette alerte au sérieux, nous souhaitons que les femmes dont nous t’avons parlées soient protégées et non pas exposées après notre rencontre, nous souhaitons que leur parole soit crédibilisée. C’est d’autant plus important qu’elles ont pu manifester de la peur face à la situation”. 

Le 4 juillet 2018, Gaëlle Betlamini rencontre le maire et son directeur de cabinet, où elle prononce devant nous six les mots de “rapport non consenti”.

Que s’est-il passé ensuite ? 

Hélas, les actes posés par le maire ne me paraissent ni pouvoir qualifier un “lanceur d’alerte”, ni correspondre à un rôle de soutien et d’accompagnement attendu.

Une première manière de montrer sa bienveillance aurait pu être de reconnaître la campagne de décrédibilisation dont celle-ci a été victime au sein de la mairie avant qu’elle ne se confie à lui et dont, avec plusieurs adjointes, j’ai pu être témoin.

Accompagner une personne qui dénonce de tels faits, c’est à mon sens ce que nous élues avons fait : non pas l’exhorter à déposer plainte, mais l’écouter et l’entendre.

Ecouter et entendre par exemple qu’elle puisse ne plus pouvoir se trouver en présence de celui qu’elle met en cause, notamment lors des réunions de groupes socialistes et majoritaires. 

Admettre aussi, peut-être, qu’une aide extérieure puisse lui être utile : le directeur du cabinet indiquait dans un message que “le maire s’est entouré dès le départ des conseils d’une avocate investie dans les droits des femmes pour identifier les moyens à sa disposition” – une telle aide n’eût-elle pas pu être proposée à la première concernée ?

Nous, élues concernées, nous nous sommes senties bien seules dans le soutien que nous lui avons apporté. Non, ce n’est pas le “directeur de cabinet et le maire” qui ont “orienté” et soutenu la victime présumée, mais bien les quatre élues qui l’ont accompagnées pendant plus d’une année humainement éprouvante pour nous toutes.

Quelques jours après que nous ayons alerté le maire, Martin Arnout connaissait tous nos noms et la nature des faits évoqués.  Si le maire n’a pas informé (lui-même ?) Martin Arnout des noms des élues venues alerter le maire, on peut se demander comment ce dernier a pu les connaître immédiatement. 

Depuis que le maire a été alerté, nous avons pu constater des marques de soutien du maire à cet adjoint : 

  • Par sa mise en valeur répétée dans des événements publics où le président de la Sonadev qu’il est, ne parlait pas automatiquement en amont. 
  • En le soutenant sur les réseaux sociaux ces derniers mois alors qu’il avait cessé de le faire auprès d’élues l’ayant alerté. La consultation des “j’aime” de ces derniers mois du compte officiel du maire sur Twitter est édifiante de ce point de vue. En un an, il a cessé totalement de “liker” les contenus des adjointes l’ayant alertées. Il s’est mis à liker massivement (plus de 25 reprises) les contenus publiés par Martin Arnout, ce qu’il ne faisait pas auparavant.

Pendant plus d’une année, avec d’autres, j’ai pu constater ma marginalisation et mon invisibilisation progressive : Les annonces dans la presse sur des sujets me concernant, des rencontres avec des partenaires sur des dossiers que je pilotais sans que je sois conviée, des désaveux et des humiliations devant les services, des réorganisations du cadre de l’exercice de mes responsabilités d’adjointe sans discussion préalable. Cette mise à l’écart a aussi été vécue par les autres adjointes concernées. 

À la suite d’une demande que je lui ai faite par téléphone le 14 mai 2019, le maire a expressément refusé de m’apporter son soutien alors que j’étais attaquée en justice par Martin Arnout pour diffamation.

Chacun saura comprendre le sens du refus par une partie de la majorité municipale de voter la protection fonctionnelle, qui aurait permis, comme la loi le prévoit dans le cadre d’une affaire où j’étais mise en cause pour des propos liés à mon mandat, que les frais de justice soient pris en charge. 

Dans un mail du 15 Juin 2019, envoyé aux membres du conseil municipal, le directeur de cabinet tente de lister les actions engagées. Je ne suis toujours pas convaincue, à le lire, que tout ce qui pouvait être fait dans la collectivité l’a été, bien au contraire. 

Demander au DGS si d’autres situations existent n’est en rien comparable avec l’ouverture d’une enquête interne sérieuse, impartiale et objective confiée à un tiers de confiance sur ces sujets. Cette enquête indépendante n’est d’ailleurs toujours pas lancée, comme la loi y invite les employeurs, et ce malgré nos sollicitations répétées.

D’où vient la “procédure-baillon” en diffamation ?

Le 13 mai 2019, Martin Arnout annonce avoir déposé plainte contre moi pour diffamation. Dans un mail envoyé aux élus municipaux le 15 juin 2019 et publié dans la foulée sur les réseaux sociauxce qui témoigne d’une vision assez baroque du rôle d’un directeur de cabinet, Guillaume Saupin a mis en cause un certain nombre d’élus sur les responsabilités qui étaient les leurs sur de nombreux sujets dont celui-ci. 

Il essaie d’y jouer sur les mots concernant les modalités de convocation des réunions des adjoints socialistes pour tenter de dédouaner le maire de la responsabilité de son organisation. Que ce type de réunion soit habituel et programmé ne change rien : la réunion du 6 mai 2019, qui m’a valu cette plainte pour diffamation, a bien été convoquée par le maire, dans un mail du 26 décembre 2018, établissant le planning de ces rencontres. 

Oui, c’est bien le maire en personne qui a évoqué le sujet en premier, dans une réunion qu’il a organisée.  Ce sont deux autres adjoints, Jean-Jacques Lumeau et Christophe Cotta qui ont cité les noms de Martin Arnout et Gaëlle Betlamini et enjoint Gaelle Benize et Céline Girard à intervenir à leur tour.

Oui , Martin Arnout a déposé plainte contre moi après avoir reçu le mail l’invitant à le faire que M. Saupin indique lui-même avoir rédigé à l’issu de cette réunion.

Lorsque j’ai été entendu par le capitaine de gendarmerie, celui-ci a évoqué, en présence de mon avocate, l’existence d’un verbatim de la réunion émanant du cabinet du maire dont nous avons pu constater qu’il avait été communiqué à la procédure.

Mon avocate effectuant une demande au parquet afin de récupérer l’ensemble du dossier, je posséderai l’ensemble des éléments constitutifs de cette plainte ainsi que le contenu de l’enquête.

Tout ça est un complot politique pour les prochaines municipales …

Nous avons cherché à tirer la sonnette d’alarme sans succès pendant des mois dans des cadres restreints. Nous ne nous sommes pas répandues sur cette situation. Les personnes à qui nous en avons parlé pour prendre conseil sont peu nombreuses. J’ai sollicité Philippe Grosvalet en décembre 2018 et en février 2019. Il m’a dit ne rien pouvoir faire.  Nous avons accepté les propositions de médiations proposées par Éric Provost sans que rien ne se passe.  

La réalité, c’est que cette histoire de “complot politique” a été diffusée pour tenter de discréditer notre parole. Cette rumeur est absolument infondée.  Je le dis de la façon la plus nette : Je n’ai jamais eu d’autre intention que de servir les Nazairiens, d’être loyale à notre équipe. J’ai expliqué précisément sur France 3 lors de l’annonce de ma démission  que je n’avais en aucun cas l’ambition de conduire une liste contre le maire.

J’ai par ailleurs exercé un droit de réponse auprès de Presse Océan, qui a écrit un article à charge sur ce thème, au prix de propos tronqués (comme sur l’affaire DSK) et de contorsions avec la vérité des faits. À cette heure, ce droit de réponse n’est toujours pas publié. 

Je n’avais jamais envisagé de rester élue toute ma vie. J’ai d’ailleurs repris une activité professionnelle à temps très partiel dès 2018.  La vérité, c’est que j’ai toujours voulu être libre de mes choix politiques et qu’ils ne soient jamais guidés par des raisons de dépendance économique. 

Contrairement à ce qui a été relayé, David Samzun ne m’a jamais indiqué que j’allais être écartée. Je le conteste absolument.

Avant tous les épisodes de l’année écoulée, c’est moi qui ai indiqué au maire et à son cabinet que je n’étais pas sûre de vouloir repartir aux prochaines municipales, et que, si c’était le cas, ce serait pour des fonctions moins prenantes et moins exposées. Le maire et son cabinet ont d’ailleurs été régulièrement informés des démarches de reconversion professionnelle que j’ai engagées. 

David Samzun m’a indiqué précisément, explicitement et à deux reprises les 13 mars et 14 mai dernier, dans un entretien et dans une conversation téléphonique, la seule raison pour laquelle j’avais, je le cite, “perdu sa confiance” et pour laquelle la “rupture était consommée” : c’est le fait d’avoir formalisé par écrit la situation sur laquelle nous l’avions alerté, dans un mail à la rentrée 2018.  

Avec les membres socialistes du collectif, nous avons saisi par courrier Olivier Faure, qui a décidé l’envoi d’une mission. Contrairement à ce que j’ai lu, il n’a jamais été question des investitures dans nos échanges. Nous avons décidé de rendre public ce courrier, face aux mensonges à ce sujet. 

En revanche, le maire et le secrétaire de section ont cherché à délégitimer cette mission et ont refusé de la recevoir.  Si tout allait pour le mieux dans le meilleur des mondes : pourquoi ont-ils refusé de s’expliquer devant la mission envoyée par le PS ?  Pourquoi se sont-ils plaints dans la presse de ne pas avoir été écoutés alors qu’ils ont refusé d’y participer ? Pourquoi les représentants nazairiens de la section ont-ils menti devant les instances fédérales du PS en affirmant que Laurence Rossignol avait été signataire de la tribune de soutien aux élues du collectif alors que ce n’était pas le cas ?

Certains éléments d’explications auraient pourtant pu être intéressants. Je constate que ces responsables ont préféré dénigrer notre parti devant la presse plutôt que de s’expliquer dans les cadres fixés par ses instances.

Ceux qui sont prompts à exiger des explications ou une présence vis-à-vis d’élues mises en causes, attaquées en justice, dans la presse, pour avoir juste fait leur devoir manquent parfois d’exigences plus fondamentales concernant la vie de la section. 

J’aurais aimé que les responsables de la section expliquent comment et pourquoi, dans un contexte de pressions et d’intimidations, ils ont choisi d’organiser un pseudo vote à main levée, en dehors des règles statutaires du parti, avec prise de photo des personnes présentes dont des agents municipaux, publiée sur les réseaux sociaux par un collaborateur du maire.

Qui est responsable ? Qui assume ? Qui respecte vraiment les militants ?

Céline Girard ne partage pas vos inquiétudes sur la façon dont l’affaire a été gérée…

Avec Céline Girard, nous avons beaucoup partagé une année durant : 

Notre souci d’accompagner au mieux notre collègue, nos craintes pour d’autres femmes, nos expériences “sexistes” au sein de cette équipe, notre sentiment d’oppression et de marginalisation depuis que nous avions parlé…

Les traces de ces échanges sont très nombreuses. Pendant un an nous nous sommes serré les coudes, nous avons essayé d’être attentives les unes aux autres, nous nous sommes beaucoup vues, avons échangé des tas de lectures sur ces questions …  Nous savions que nous n’avions pas toutes les mêmes attentes politiques, nous nous étions promis de ne pas nous juger dans nos choix respectifs … C’est cette solidarité, cette sororité que je pensais sans faille, qui m’a permis de tenir. 

Sans être exhaustive, j’ai quelques exemples en tête de son implication et de ses positions. 

  • Le 9 septembre 2018, pour donner suite au mail que j’avais adressé au maire en notre nom à nous cinq pour connaître les dispositions qu’il avait prises, Céline me fait part de ces échanges avec le premier édile de la ville : “ il est super énervé après nous” “ il n’apprécie tout simplement « pas la pression qu’on lui met ».  
  • En septembre 2018, elle nous a affirmé que nous aurions le soutien de Xavier Perrin, qu’elle avait alerté. 
  • Le 5 décembre 2018, lors du groupe majoritaire consacré à l’égalité, elle a pris la parole avec vigueur pour dénoncer le climat sexiste et sexualisant.  
  • En avril dernier, elle nous a relaté ses échanges avec le directeur adjoint du cabinet qui d’après elle envisageait de pratiquer la “terre brûlée”, “de tout raser pour tout reconstruire” allant jusqu’à dire qu’elle avait peur pour sa place sur la liste…

Je ne peux pas accepter aujourd’hui ses propos outranciers et caricaturaux sur le “féminisme populiste”.  Ils disqualifient sa démarche, en reprenant les mots habituels des adversaires des droits des femmes dès qu’il s’agit de passer des grands principes à la réalité de situations où il s’agit d’agir face à des violences.  Yvette Roudy, Nicole Pery, Pascale Boistard, trois ministres socialistes des droits des femmes qui menèrent dans le passé de nombreux  combats et qui nous soutiennent aujourd’hui sont elles des “féministes populistes” ?

Quelle cohérence trouver dans un propos qui dénonce dans le même texte la procédure en diffamation, tout en affirmant que rien n’entretient la loi du silence à Saint-Nazaire ? Qu’aucun climat sexiste n’existe, tout en expliquant à quel point il est encore difficile pour des femmes d’exercer aujourd’hui un mandat politique ? 

Quelle maladresse enfin d’opposer le pseudo approche “émotionnelle” des féministes renvoyant les combats pour les droits des femmes au champ hélas habituel de l’hystérie, reprenant les arguments les plus éculés des réactionnaires sur le sujet…

Pour ma part, je me retrouve pleinement dans les propos de Sandrine Rousseau, avant je me sentais féministe aujourd’hui je suis féministe dans ma chair je me sens pleinement appartenir à cette communauté de femmes, “une communauté de douleurs, une communauté de combats.” 

Pourquoi avez-vous rendu l’affaire publique ?

C’est parce qu’un article de presse, dont nous n’étions pas à l’initiative, et dans lequel David Samzun et Martin Arnout avaient déjà choisis de s’exprimer était sur le point de sortir, que nous avons choisi de publier le texte “#ilsnenousferontpastaire”. Contrairement à ce que certains veulent faire croire ce n’est pas nous qui avons déclenché cette mécanique

Je suis d’ailleurs stupéfaite qu’il puisse être affirmé dans ces conditions qu’il existe une “campagne de communication politique orchestrée à coups de réseaux sociaux”. Personne n’a expliqué de notre côté que les réseaux sociaux étaient les “tribunaux” devant lesquels les choses avaient vocation à se régler.  Je ne comprends pas non plus la différence de traitement entre les arguments et éléments que nous avons partagé et ceux qui ont été diffusés par d’autres. Certains hashtags sont-ils plus vertueux que les autres ?

Pendant plus d’un an, jamais je ne me suis exprimée autrement qu’en privé sur ces préoccupations relatives à des confidences qui m’ont été faites. Elles ne sont devenues publiques qu’à la suite d’une plainte en diffamation – sauf à considérer que cette plainte, dont je me serais pourtant volontiers passée, faisait partie d’un plan savamment conçu ?


Ce qui se passe à Saint-Nazaire n’est pas “un débat de société” sur ce qu’il convient de faire : c’est une honte pour des élus ou des responsables de collectivités territoriales qui se revendiquent de la gauche, du féminisme, de l’égalité ou de l’humanisme. 

Si certains sont prêts à tout pour préserver leurs petits intérêts électoraux, ce n’est pas mon cas.  La loyauté m’est chère, mais elle ne saurait pour moi aller jusqu’à la compromission.

En ce qui me concerne, je suis et resterai une militante, une socialiste, comme je le suis depuis près de 20 ans. Ce sont les valeurs d’égalité, le combat pour la justice sociale qui ont chaque jour guidé mon engagement. 

 Je suis fière de tout ce que j’ai fait, je l’assume et je l’assumerai.

Il est temps que cessent ces inversions continues et mensongères des responsabilités.

Je suis convaincue que l’avenir éclairera bien des choses. 

Sincèrement, 
Laurianne. 

N’hésitez pas à me contacter par mail si vous le souhaitez, j’essaierai de répondre le plus précisément possible aux autres questions que vous pouvez vous poser. 


Chronologie.

  • 24 et 25 novembre 2017 – Journées nationales des femmes élues à Issy les Moulineaux, avec Céline Girard, Gaëlle Bénizé, Pascale Hameau, Gaëlle Betlamini et moi.  Les violences faites aux femmes sont abordées suite au déclenchement du mouvement #Metoo… le soir, Gaëlle Betlamini se livre sur ce qu’elle a vécu. Nous nous réunissons à plusieurs reprises dans les mois qui suivent.
  • 27 avril 2018  – Lors d’un rendez vous de travail avec David Samzun et Guillaume Saupin, nous lisons le texte que nous avons préparé pour alerter le maire. Le texte ne cite pas le nom de Martin Arnout. C’est le maire qui le cite lui-même et qui nous demande si d’autres adjoints sont concernés en nous citant spontanément les noms de deux d’entre eux.
  • 4 juillet 2018 – Déjeuner entre les femmes accompagnant Gaëlle Betlamini, le maire et son directeur de cabinet. Elle y prononce les mots de “rapport sexuel non consenti”.
  • 8 septembre 2018 – En l’absence de retour, j’envoie un mail à David Samzun au nom de nous cinq, pour lui demander les actions mises en oeuvre et lui réaffirmer notre “notre détermination à combattre ces violences”.
  • 9 septembre 2018 – Le maire nous répond par mail. Il nous explique notamment avoir alerté les deux des sur ces questions et demandé a son cabinet d’être vigilant et n’avoir reçu aucune alerte. Il nous informe également avoir “pris personnellement le soin, en présence de Guillaume Saupin, de recevoir Martin Arnout, à l’issue de notre première rencontre afin de lui faire part de vos préoccupations et de vos témoignages dont vous vous êtes fait l’écho“. Enfin il nous précise avoir demandé à son cabinet de contacter le CIDFF et affirme que le CIDFF leur aurait dit ne disposer “d’aucun témoignage concernant des élus ou des collaborateurs de la ville ou de l’agglomération” . Ces propos ont été depuis démentis par le CIDFF.
  • 11 septembre 2018 – Rencontre des femmes élues de la majorité. Nous évoquons à plusieurs voix l’environnement sexiste et sexualisant tout comme notre volonté d’avoir un temps conséquent d’une journée de formation et d’échange sur les violences sexistes et sexuelles.
  • 19 septembre 2018 –  Suite à l’envoi du mail, Céline Girard nous indique la réaction du maire : “Nous sommes immatures”. Elle nous précise que, dans son premier cercle, David dit que “la guerre est déclarée“. Elle précise que tout cela “se retourne contre nous”
  • 8 novembre 2018 – Rencontre des femmes élues de la majorité. Le climat sexiste est de nouveau évoqué…
  • Novembre 2018. Le maire se met à “liker” massivement les posts de Martin Arnout sur Twitter, alors qu’il ne like plus les nôtres depuis l’été. Il indique à Gaëlle Bénizé que ce que nous faisons est “dégueulasse” et précise que « si c’était moi, je porterai plainte contre vous »
  • 5 décembre 2018 – séminaire de majorité sur l’égalité Femmes-hommes. Trois élues (Céline Girard, Pascale Hameau et moi) prennent la parole pour évoquer le climat sexiste et sexualisant. Aucune réaction ni suite ne sera donnée aux points soulevés.
  • Février 2019 : Gaëlle Betlamini envoie un mail pour dire qu’elle ne participera plus aux groupes socialistes et groupes majoritaires, ne supportant plus les intimidations de Martin Arnout qui se seraient multipliées les mois précédents. Elle avait au préalable transmis plusieurs mail au cabinet du maire pour évoquer les différentes situations. Au bureau municipal suivant le 4 février, le maire dit qu’il ne “supporte plus” ces conseillers municipaux “qui se croient tout permis”…
  • 13 mars 2019 – Je rencontre David Samzun et je lui explique que je me sens maltraitée dans mon mandat,  que le climat de travail est devenu intenable. Il me dit que la rupture de confiance est consommée avec moi depuis le moment où nous avions déposé le “pot de pus” sur son bureau en précisant que cette rupture est advenue le jour où j’avais “envoyé un mail à ce sujet” .
  • 18 mars 2019 – Une autre femme, extérieure à l’équipe municipale, me livre un témoignage sur des faits potentiel de harcèlement et d’agression sexuelle. J’avise le maire de ces éléments.
  • 03 avril 2019 – Guillaume Saupin, directeur de cabinet du maire commente une publication sur mon compte Facebook reprenant un article sur les initiatives de Sandrine Rousseau contre les violences sexuelles, déclenchant un débat écrit public sur la manière de gérer les situations de violences sexuelles. …
  • 8 avril 2019 – Déjeuner des femmes élues destinées à travailler sur le plan d’actions pour l’égalité Femmes-Hommes.  et lancer les réflexions par thématique. Nous ré-évoquons la nécessité de lancer un diagnostic de la situation en interne avec une enquête menée par un tiers extérieur pour garantir aux femmes l’anonymat et la prise en charge.
  • 24 avril 2019 – Comité de soutien à David Samzun. Je demande si Martin Arnout sera présent, il semble que ce ne soit pas le cas. Je m’y rend, on m’invite à poser pour la photo, avant de m’apercevoir que sa présence était restée dissimulée jusqu’à la dernière seconde. Je quitte les lieux juste avant que l’image ne soit prise
  • 6 mai 2019 – En réunion des adjoints PS, qu’il a convoquée David Samzun aborde le sujet, parlant de rumeurs d’agressions sexuelles qui nuieraient à l’ambiance dans l’équipe. Suite aux propos de Jean-Jacques Lumeau et de Christophe Cotta,  donnant les noms des personnes impliquées et enjoignant les femmes à s’exprimer, j’interviens pour requalifier la nature des faits potentiels dont on parle. Céline Girard approuve alors mes propos. Un mail du directeur de cabinet part immédiatement dans la foulée de la réunion en copie à Martin Arnout et Gaëlle Betlamini, absents, pour préciser le contenu de la réunion et les invitant à déposer plainte.
  • 13 mai 2019 – En mon absence, Martin Arnout indique en réunion des adjoints socialistes avoir déposé plainte contre moi. Le lendemain, le maire, que je contacte, m’indique qu’il refuse de me soutenir dans cette affaire, et réitère ses propos sur la perte de confiance “consommée” depuis l’envoi du mail l’été passé.
  • 17 mai 2019 – Je suis auditionnée pendant plus de trois heures à la gendarmerie. J’y apprends par la Gendarmerie que les attestations sur le contenu de la réunion ont été réalisées par les adjoints qui ont tout fait pour que je m’exprime, Christophe Cotta et Jean-Jacques Lumeau et qu’un compte-rendu de la réunion a été réalisé par Guillaume Saupin.
  • 28 mai 2019 –  Ouest-France me contacte dans l’après-midi pour m’indiquer qu’ils vont annoncer le lendemain (jeudi de pentecôte) qu’une plainte est déposée contre moi et qu’ils ont déjà recueilli les propos du maire et de Martin Arnout. Sur les conseils de mon avocate, je refuse de répondre seule aux questions du journaliste, nous décidons alors en toute fin de journée de publier le texte #ilsnenousferontpastaire.

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